• Entrer votre adresse e-mail pour vous inscrire a ce blog et recevoir les notifications des nouveaux articles par e-mail.

    Rejoignez les 99 autres abonnés
  • Archives

L’achat local est bel et bien une solution pour l’environnement (AJOUT)

Depuis trois jours, on ne parle que de la supposée étude de l’Institut économique de Montréal (IEM) sur le fait que l’achat local ne serait pas aussi bon que prétendu pour l’environnement. L’auteur de la note, Pierre Desrochers était chez Christiane Charette hier matin en compagnie de Laure Waridel. Jean-Sébastien Trudel en parle et remet certaines pendules à l’heure. J’en profite aussi pour remettre les pendules de l’IEM à l’heure. Mais on ne parle pas la même langue. L’organisme prône le capitalisme et les lois du marché, pas moi.

D’abord, Pierre Desrochers a été très démagogue en citant l’exemple d’Haïti comme pays qui a besoin de l’aide alimentaire pour expliquer que les pays qui prônaient la souveraineté alimentaire pouvaient s’en mordre les doigts. L’exemple est mal choisi. N’importe quel pays aurait besoin d’aide alimentaire après une catastrophe d’une telle ampleur.

Il faut savoir qu’il y a 20 ans, Haïti subvenait à ses propres besoins en matière de riz. Maintenant, ils sont dépendants à 80 % du riz américain. Que s’était-il passé ? Simple. C’est la politique du Font monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui sont en cause. Ils ont favorisé le commerce international et non la souveraineté alimentaire. L’un des problèmes.

D’ailleurs, c’est la même situation pour Haïti que dans tous les pays en voie de développement. Ceux-ci produisent de la nourriture pour les pays développés ( coton, bananes, chocolat, café, et j’en passe), sont des employés de multinationales qui ne les payent pas suffisamment et qui, parfois ou souvent, emploient même des enfants. Ces pays ont abandonné leurs cultures vivrières et se sont appauvris.

Le pire ? C’est que le FAO souligne que la majorité des agriculteurs souffrent de pauvreté. Ce n’est pas normal. Cela indique que le système ne fonctionne pas. Clairement. Par ailleurs, il est totalement anormal et ridicule que nos sociétés produisent assez de nourriture pour nourrir l’ensemble des êtres humains, mais que des millions meurent de faim. Allo ??? Comment peut-on prôner le capitalisme et les lois du marché quand des gens, des humains, des enfants, des bébés (je le précise) meurent de faim ? INADMISSIBLE.

De plus, les économies développées sont subventionnées pour produire des surplus qui inondent les pays en voie de développement qui ne peuvent concurrencer.

Ensuite, le professeur de l’Université de Toronto compare les gaz à effet de serre (GES) émis par la voiture qui va à l’épicerie par comparaison au transport par bateau. Mais il oublie que les bananes ne sont pas livrées à domicile par le bateau et qu’elles ne poussent pas dans les ports (à moins que ce soit une nouvelle manière de produire des bananes)… Il faut compter sur des camions pour les transporter jusqu’au bateau puis à l’épicerie. Et si le bateau fait 15 000 km, le producteur local n’en fait que 150 km.

Dans toutes ces données, Pierre Desrochers ne tient pas compte des effets environnementaux de la culture extensive et industrielle ( les engrais, les pesticides, Monsanto, alouette…). Il les balaye de la main.

Par ailleurs, il ne faut pas confondre souveraineté alimentaire et autarcie. Un exemple: le Québec ne produira jamais de bananes, on en importera toujours. Les notes de l’IEM oublient aussi de parler des impacts sociaux de la disparition de l’agriculture telle qu’on la connaît. Des milliers emplois en dépendent ainsi que le dynamisme de la vie en région.

Finalement, si on applique la logique économique implacable et la loi du marché du système capitaliste, l’agriculture devra disparaître, car elle ne sera jamais rentable. C’est impossible. La population devra alors décider si elle veut de la nourriture transformée et fabriquée en laboratoire ou une nourriture fraîche, de saison, locale et la moins transformée et industrielle possible ?

Quand va-t-on admettre que l’agriculture n’est pas un secteur économique comme les autres ? Comme la santé et l’éducation, on ne peut soumettre ces secteurs à une logique capitaliste et aux lois du marché. Sinon, on verra la disparition de l’agriculture remplacée par l’industrie agroalimentaire qui nous fera manger de la merde. Tout simplement.


Encore des enfants esclaves !!!

Oxfam vient d’ailleurs de dévoiler que 99,5 % du chocolat belge est fabriqué à l’aide d’enfants esclaves. Après IKEA, Nike et bien d’autres, Kraft passe à la moulinette. Voici ce qu’engendre notre système capitaliste. L’obligation pour les familles les plus pauvres d’envoyer leurs enfants travailler pour arriver à survivre.

Je ne dis pas qu’il faut brusquement arrêter d’acheter ce chocolat. Car ces enfants et ces familles ont besoin de ces emplois. Sauf qu’il faut en être conscient et faire pression sur les entreprises et les gouvernements pour qu’ils modifient leurs manières de faire. C’est aussi ça l’agriculture dans les pays en voie de développement…

AJOUT: je viens de lire un billet de l’Union des Consommateurs qui répond aussi à l’Institut économique de Montréal. L’analyse d’Ariane Chénard souligne entre autre que l’IEM démontre les limites de l’approche idéologique…

Je retiens ces deux paragraphes, particulièrement important:

«Personne n’a jamais prétendu que l’achat local équivaut à une production nulle de GES. Dans le cas de denrées qu’un pays produit plus difficilement ou hors-saison, le bilan de GES pourrait être plus élevé pour des denrées locales que pour des denrées importées. Il est toutefois beaucoup plus difficile que ne le laisse entendre la note de l’IEDM de calculer le bilan de GES, qui variera bien entendu selon une foule de facteurs: modes de production, transport, types d’énergies utilisées pour l’entreposage et la réfrigération, etc. De plus, le bilan environnemental d’un produit agricole ne se calcule pas que par les émissions de GES.

L’IEDM dérape quand il refuse de faire ces distinctions et résume l’achat local à la simple considération des émissions de GES dues au transport. Et le ridicule pointe quand on prend en exemple les émissions dues à la production en serre ou à la conservation d’aliments en Angleterre, dont l’énergie, au charbon, est éminemment polluante, et qu’on l’oppose au transport en bateau des mêmes denrées à partir d’un pays très proche. L’exemple aurait été moins convaincant s’il s’était basé sur des productions au Québec dans une serre chauffée grâce à une énergie plus propre, l’hydroélectricité, que l’on aurait comparées à des denrées transportées en avion d’un pays lointain.»

Finalement, j’ajouterais une dernière chose. Il serait intéressant et transparent que l’IEM nous dévoile qui a financé ou commandé cette note ? Il est toujours important, d’un côté comme de l’autre, de savoir qui est derrière une étude.

6 Réponses

  1. L’esclavage dans les plantations de cacao en Côte-d’Ivoire me touche particulièrement. Ça fait d’ailleurs 7 ans que j’essaie de mettre des mots sur ce que j’ai ressenti en rencontrant d’ex-esclaves et je n’y suis pas encore arrivée. Quelques articles, mais la situation dépasse tout ce qu’on peut tenter d’expliquer: http://www.jobboom.com/magazine/30-05-texte.html, http://fillecool.ca/perso/articles/238.html et http://taxibrousse.wordpress.com/2008/04/01/chocolat-amer/

    Un bémol: j’ai fait quelques reportages sur le travail des enfants au Burkina Faso, au Sénégal et au Mali au fil des ans. Oui, il y a une question de culture (pour plusieurs, le travail est aussi une méthode d’apprentissage, en plus d’un moyen d’apporter un revenu supplémentaire à la famille). Mais dans le cas des enfants esclaves, c’est surtout l’ignorance qui fait en sorte que les parents laissent partir leurs enfants. Ces derniers sont VENDUS: l’argent de leurs gains ne va donc pas à leur famille ensuite…

    Par ailleurs, j’ai hésité entre crier «ENFIN!» et me demander ce que cachait cette décision de Nestlé: http://www.ekitinfo.org/journal/nestle-croque-le-commerce-equitable-avec-ses-kit-kat

    Quant au riz en Haïti, il y a aussi d’autre éléments qui ont joué, comme la maladie de la «paille noire». J’ai déjà fait un truc sur le sujet pour le CECI: http://publication.ceci.ca/fr/bulletin/omni/articles/Haiti_riz.aspx

  2. Comme je suis d’accord avec vous! J’ai entendu le débat à l’émission de Mme Charette et les deux bras m’en sont tombés. Adepte de l’achat local depuis de nombreuses années par principe plutôt que par soucis d’économie, j’étais curieuse de connaître les arguments de cet universitaire. Tant d’arguments flous et détournés m’ont vraiment dégoutée.

    Malheureusement, M. Desrochers a fait preuve de mauvaise foi au lieu de présenter logiquement ses arguments. Je concède certainement que l’achat local n’est pas un grand courant économique, mais j’aurais aimé qu’on m’explique pourquoi et en quoi il pourrait être amélioré au lieu d’entendre le discours condescendant de M. Desrochers.

    Votre texte tombe juste à point et me conforte dans mon opinion. Tout n’est pas blanc et noir, mais certains tiennent un propos trop gris foncé à mon goût!

    Catherine Michelle Pepin

  3. […] le capitalisme et les lois du marché, pas elle. Lire le blogue de Cécile Gladel à ce sujet «L’achat local est bel et bien une solution pour l’environnement». Classé dans : Non classé — Nathalie Berger @ 18:53 Commentaires […]

  4. Mille bravos pour l’article, je ne peux qu’être d’accord avec tout ce que tu dis.

  5. Merci pour ces informations! Super utiles. 🙂

  6. […] L’achat LOCAL est bel et bien une solution pour l’environnement ( La planète écolo de Cécile Gladel ) Classé dans Général – Libellé Consommation responsable, Réchauffement climatique PARTAGER Twitter Facebook Delicious StumbleUpon Courriel Billets similaires […]

Laisser un commentaire