Mes collègues David Patry, Paul Journet et Julien Cayer ont souligné une nouvelle de Quebecor Média sur Twitter. L’empire lance deux nouveaux hebdos sur la Rive-Nord de Montréal (c’est la nouvelle) en soulignant à gros traits que le nouveau modèle d’affaires veut que les journalistes et l’équipe de vente travaillent de pair au sein des deux publications. DANGER. DANGER. (mise à jour) Finalement, la phrase est mal comprise. Quebecor signale que les rédactions et les équipes de vente des deux journaux vont collaborer, mais les rédactions et les équipes de ventes publicitaires restent donc séparées et respecteront l’éthique journaliste.
Dans tout média qui se respecte, la rédaction et l’équipe des ventes publicitaires doivent être séparées. Évidemment, ce n’est jamais très facile et c’est une bataille de tous les jours.
J’ai travaillé trois ans dans un hebdo de l’Est ontarien, L’Express d’Orléans et quelques hebdos qui à l’époque appartenait à Publications Dumont avant de se retrouver dans le giron de Transcontinental. Les vendeurs de publicité essayaient toujours de vendre leur publicité en promettant des articles. Sauf que la rédactrice en chef aidait de son équipe de journalistes résistait toujours. Les vendeurs faisaient donc de fausses promesses. Mais la bataille était toujours ardue pour faire comprendre aux vendeurs de publicité que la rédaction était INDÉPENDANTE.
J’ai retrouvé le même problème quelques années plus tard à Montréal dans une publication qui n’appartenait pas à un grand groupe, mais un indépendant. Un problème qui est généralisé et qui n’est pas seulement l’apanage des petits médias et des journalistes indépendants comme parfois on tend à le croire. Par ailleurs, si les syndicats sont une barrière dans les grands médias pour s’opposer à de telles pratiques, ils n’ont jamais empêché le Journal de Montréal de pratiquer la convergence à outrance, même avant le lock-out.
Pourquoi c’est un problème ? C’est évident. On demande à grands cris l’indépendance des journalistes et de nombreuses personnes en doutent. Imaginez, si en plus de nos opinions (tous les êtres humains ont des opinions), de nos liens (on a tous des amis, des connaissances), on est soumis aux besoins publicitaires…
Je suis totalement contre cet aspect. Le journaliste n’est pas un rédacteur publicitaire. Il n’a pas à être en lien avec l’équipe des ventes. Il n’a pas à savoir que telle ou telle compagnie a acheté de la publicité. Lorsque j’écris un article, je choisis mes sources selon leur pertinence, je ne me demande jamais si mon interlocuteur a acheté de la publicité.
AJOUT: Ce qui souligne Fagstein, c’est que la naissance de ces deux hebdos viendraient alimenter QMI, l’agence de Quebecor et possiblement le Journal de Montréal.
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