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Un peu de pub pour Mieux-être + entrevue Josée Blanchette

Attention plogue + entrevue avec Josée Blanchette à la fin de ce billet. Une entrevue publiée dans le numéro 2 de Mieux-être mais malheureusement hachée menue et très maladroitement coupée. Je vous offre l’original ici. Je vais faire de la pub pour la revue Mieux-Être. J’y écris depuis le premier numéro et le numéro 4 vient de sortir. Un bébé qui grandit bien. Sophie Durocher fait le cover. Rapport avec l’environnement direz-vous. Il y a en a. Certains articles en parlent dont celui que j’ai écrit sur le bio moins cher. Pas la sacro-sainte course des québécois pour le panier d’épicerie le moins cher possible mais plutôt quelques conseils pour réussir à bien manger, du biologique sans se ruiner. Mais sans faire crever de faim les agriculteurs ! Car moins vous payez pour votre épicerie, moins le paysan au début de la chaîne est payé. Mais bon comme souvent on pense à son portefeuille et non aux autres, on s’en fout pourvu qu’on ait économisé quelques dollars. Disons que c’est un sujet qui me touche puisque mon père était agriculteur et que j’ai été élevée sur une ferme. Pensez-y la prochaine fois que vous faites votre épicerie…et je vous en reparle bientôt lors d’un de mes prochains dossiers dans la Presse.
Et jetez un oeil à Mieux-Être. Si j’y écrit sur la forme physique et autres sujets sans aucun rapport avec l’environnement, mes brèves art de vivre mensuelles ont toujours quelques sujets écolos. D’ailleurs parfois je me demande si on ne devrait pas dire art de vivre écolo…

Voici l’entrevue complète avec Josée Blanchette :
Rencontre avec une épicurienne zen
Cécile Gladel

Josée Blanchette est une idéaliste. Très tôt, à l’adolescence, elle s’est intéressée au bouddhisme et à la philosophie. Elle voulait comprendre la vie. Et surtout en profiter. Car la vie est un plaisir qu’elle déguste lentement. Prendre le temps de vivre est son leitmotiv. Pour être tout simplement bien dans sa tête et son corps. Rencontre avec une femme passionnée et passionnante.

Pour peu qu’on soit une fidèle de ces chroniques dans Le Devoir, on connaît ses expériences diverses et parfois extravagantes. On connaît aussi ses délectations culinaires, ses expérimentations Vipassana.
Quel est le secret qui vous permet de respirer le bien-être, la confiance et le plaisir ?
Ce qui m’allume le plus dans la vie, ce n’est pas d’aller dans un spa en Patagonie ( NDLR : elle l’a fait et en a rendu compte dans une de ces chroniques du Devoir). Ce qui me fait avancer c’est le relationnel. Les contacts avec les autres m’émerveillent. Je veux avoir des discussions riches en émotions avec les gens. Mon équilibre, c’est aussi la campagne et le fait que je vis simplement.
Vous êtes travailleuse autonome depuis longtemps, d’où la nécessité d’être disciplinée ?
Oui, beaucoup et je l’ai toujours été. J’ai un parent intérieur assez intégré qui me ramène régulièrement à l’ordre. Je nage trois fois par semaine, je fais des étirements, un peu de yoga. Je ne me demande pas si ça me tente, à moins d’être malade. Si on se pose la question avant d’y aller, on se trouvera une excuse. J’y vais et après ça je me pose la question à savoir si ça m’a fait du bien. C’est inscrit à mon agenda, trois fois par semaine, gym. Depuis 12 ans. Évidemment, ça implique de sacrifier quelques dîners car pour annuler mes séances de natation, il faut une raison majeure. C’est pareil pour mes journées d’écriture. Elles sont bloquées et personne ne peut me déranger. Pour moi, il n’y a pas de liberté sans discipline. C’est clair.
La discipline dans tous les domaines ?
Oui par rapport à tout. L’alimentation également. Rendu à 40 ans, on se connaît. Moi j’ai un « frame » de chat, je ne suis pas faite forte. Je ne peux pas faire d’excès, me coucher tard. À cause de mon corps, je suis obligée de m’astreindre à une discipline de vie. C’est peut-être heureux car avec mon tempérament, je me serai éclatée plus.
Pourquoi et comment l’intérêt pour le bouddhisme est venu dans votre vie ?
L’intérêt a débuté au Cégep, lorsque j’ai vécu avec mon prof de philo qui était bouddhiste. Par la suite, j’ai pratiqué la méditation, j’allais dans des centres au Vermont, des ashrams. Avec mon frère, j’ai été là-dedans avant l’heure. Adolescents, on cherchait des absolus. Nous sommes deux idéalistes. J’imagine qu’on avait besoin de quelque chose d’un peu extrême mais le bouddhisme est loin d’être violent. C’était une rébellion douce.
J’ai aussi toujours été attirée par la philosophie. Pour moi, c’est une prémisse d’explication du monde, une grille d’analyse qui me plaît. C’est une façon d’aller chercher un début de réponse ou, du moins, de formuler les questions de la bonne manière. La philosophie existe depuis si longtemps. Ça fait du bien de savoir que les mêmes questions ont été posées et reposées, c’est très apaisant.
De savoir que les êtres humains ne changent pas ?
Oui, c’est ça les êtres humains ne changent pas. Vous savez, j’ai eu un rapport fantastique avec mon grand-père qui est mort l’an dernier. C’était un homme de la terre et de la mer qui avait une compréhension du monde qui m’aidait beaucoup. Sa philosophie proche de la nature, c’est un autre rapport au temps que le nôtre. D’ailleurs, ma façon de gérer mon horaire impressionne souvent mon entourage parce que je pense que j’ai hérité de lui à ce niveau. Je ne suis pas capable de m’exciter partout. Je vois du monde courir, je les regarde aller, et je ne sais pas comment ils s’arrangent pour rester sains d’esprit là-dedans. Et malheureusement, ça ne s’enseigne pas, à part à certains amoureux qui ont partagé ma vie. Je prends simplement le temps de vivre. Mon métier m’y oblige car on ne peut écrire sans réfléchir.
Vous avez vécu deux deuils dans les trois dernières années, votre père puis votre grand-père. Comment passe-t-on à travers ces épreuves ?
Pour mon père, je n’ai pas de recette, surtout, puisque c’était un suicide. Mon grand-père, ça s’est déroulé beaucoup plus normalement. Il n’y avait pas l’aspect-choc. Ce n’était pas un drame. Quand j’ai vu qu’il s’apprêtait à partir, j’ai pris une semaine de congé et j’ai décidé d’aller avec lui vers la mort. La seule façon de faire des deuils, c’est d’y entrer. Ça m’a tellement aidée de faire ça. C’est ainsi qu’on devrait vivre nos deuils. Si on ne les accompagne pas, après il nous reste des fantômes. Tu te diriges vers la mort avec la personne, tu l’assistes. Il me semble que ce n’est pas dans la fuite que j’aurai réglé des choses. D’autant plus que je n’ai pas pu le faire pour mon père.
Vous semblez être quelqu’un de zen qui prend bien la vie ? Que faites-vous lorsqu’il vous arrive un problème comme votre cancer de la peau à l’automne dernier ?Ça secoue quand tu apprends que tu as un cancer et que tu as un petit garçon de deux ans. Le mot cancer on n’aime jamais ça. On panique, mais il faut agir là-dessus et encore une fois c’est le bouddhisme qui me sauve. Ça devient l’instant présent. Je n’ai absolument aucun contrôle sur l’avenir alors ça ne donne rien de s’affoler. Je mets ça au pire et je relativise. Mais de telles épreuves, ça aide beaucoup. Il y a des choses que je n’aurais pas faites avant mon cancer. Maintenant je ne manque aucune opportunité de vivre certaines expériences.
Vous inspirez-vous toujours de l’enseignement du bouddhisme ?
C’est quelque chose qui me suit et qui me sert tout le temps. Idéologiquement et philosophiquement. Je ne l’associe pas à la spiritualité. Je n’en fais pas une croyance, une pratique. Ce qui m’intéresse c’est la méditation. Mais cela fait des années que je n’ai pas médité.
Vous méditez quand vous en avez besoin ?
Je pense qu’on en a toujours besoin. Mais le bouddhisme me soutient. Dans les gros moments de ma vie, ça m’a beaucoup aidée à avoir une attitude conciliante. Quelqu’un m’a écrit que je faisais partie des gens qui soulagent le monde. Je pense que c’est le point important. Ça nous fait du bien quand on peut soulager. Dans mes écrits, il y a un aspect que j’aime beaucoup, c’est aider. Lorsque j’ai abordé le suicide de mon père, ça a touché beaucoup de monde.
Vos écrits viennent donc vous nourrir, mais nourrissent les autres, c’est un échange qui revient au fait que vous appréciez les relations avec les autres ?
Absolument, j’aime le relationnel. Les gens disent parfois que je suis narcissique parce que je parle de moi dans mes écrits. Je ne crois pas. J’ai plus l’impression de partager avec les gens que de me mettre en valeur. Ce n’est pas mon but. Moi je veux partager une expérience humaine. On s’en moque de ce qui m’arrive. C’est comme Nathalie Simard lorsqu’elle parle de son abus sexuel. Je ne pense pas qu’elle le fasse dans le but de dire : « Regardez-moi ». Elle a besoin de partager et elle a aidé beaucoup de monde en le faisant. C’est un peu la même chose, je partage une expérience humaine.
Vous inspirez les gens. Vous avez l’air douée pour le bonheur? Vous avez choisi votre vie ? C’est ce que les gens ne font pas.
Douée pour le bonheur, non car je me pose encore trop de questions. Mais je crois que les gens sont souvent à la remorque, surtout de leurs idées, de leurs blocages mentaux, de ce qu’on va penser d’eux. Les femmes sont particulièrement sensibles au regard des autres. Je m’en suis affranchie très tôt. C’est libérateur, mais tout le monde n’en est pas capable. Le regard des autres, c’est du poison. Ça nous empêche de vivre. Ça nous empêche d’aller au bout de nous même. J’ai un immense respect pour les personnes qui vont au bout d’eux-mêmes, peu importe le chemin qu’elles empruntent. Ça prend une grande indépendance d’esprit.
Quel est votre remède lorsqu’une situation vous rend triste ?
Je crois qu’il ne faut pas se prendre trop au sérieux. Mais en même temps, je suis une vraie fille, capable de faire des drames. Je trouve que la différence entre les gars et les filles est intéressante. Le gars est toujours porté à dédramatiser. Moi je ne pourrais pas être aux femmes. J’ai besoin de cet aspect mâle et yang. Je suis assez classique dans ma conception des rôles hommes femmes. Je ne crois pas à l’égalité mais plutôt à la complémentarité. Ce qui n’empêche pas d’avoir une inégalité dans toutes sortes d’aspects. Mais il reste que dans un couple, j’ai besoin de cet aspect temporisateur du mâle, qui te rassure profondément. Car nous comme femme, notre force est dans l’intériorité, la sensualité.
Quand ça ne va pas dans votre vie, que faites-vous ?
Je vais nager. L’eau me reconnecte. Aller nager, ça change ma journée. Et prendre le temps de le faire. Ça prend deux minutes pour changer d’état d’esprit. Puis il y a aussi l’écriture qui est assez thérapeutique pour moi.
Dans vos écrits, vous abordez des sujets un peu tabous, les SPM, le suicide, la mort. Est-ce que ça vous libère ?
Jacques Languirand me dit ça, tu fais ta thérapie. Mais je ne le vois pas comme ça. Que ça soit thérapeutique pour moi, on s’en fout. J’écris pour mes lecteurs, je n’écris pas pour moi. D’ailleurs, dès que je suis personnelle, les gens réagissent très fort. Je reçois beaucoup de courriels. Si j’écris un article sur les vespas, c’est « cute » mais j’ai peu de courrier. Si j’écris sur le suicide ou sur la mort de mon grand-père, les gens réagissent. Ils se sentent interpellés. Dès que je mets mes tripes, les gens veulent me dire à quel point ça les touche. Les gens veulent rire ou pleurer mais ils veulent surtout être touchés. Il faut mettre la pudeur de côté. Il faut déranger aussi. C’est important. Sinon, on va toujours dans le courant, dans l’ordre établi. Il faut être capable d’assumer ça, d’assumer sa parole. Comme femme ce n’est pas évident, c’est plus facile pour un homme. Tu ne peux pas dire que tu es une femme épanouie. C’est menaçant pour les femmes qui ont de la misère à prendre la parole ou qui n’acceptent pas leur sexualité. C’est difficile pour les hommes qui se sentent attirés mais inquiets et angoissés face à cette femme. Ils te catégorisent alors comme croqueuse d’hommes. Moi ce qui me fait plaisir c’est que les gens puissent aller au-delà de leurs limites. Moi j’ai toujours été celle qui nommait, qui dérangeait et qui choquait.
Est-ce que ça vient d’une bonne confiance en soi ?
Je pense que ça me vient de mon père puis de mon grand-père. L’aspect rebelle, le besoin d’être un peu mouton noir sans être « heavy ». Juste pour casser les étiquettes. Je déteste me faire étiqueter. Si tu me colles une étiquette, je vais m’arranger pour te surprendre.
Quel type de petite fille étiez-vous ?
J’aimais me déguiser, mais j’avais des chevaux donc j’aimais être à l’extérieur. Je montais beaucoup, je m’occupais de l’écurie.
Étiez-vous plus avec votre père ou votre mère ?
Les deux. Avec mon père pour l’action et avec ma mère pour la cuisine car j’aime beaucoup cuisiner. J’en fais moins mais je n’aime pas parler de ça au passé. Comme le tango, j’ai beaucoup dansé et j’ai arrêté depuis trois ans, mais je compte m’y remettre. Ce qui s’est rapproché le plus de l’équitation c’est le tango. En terme de passion, d’abandon, de rythme, de complicité avec un autre corps. Le chant m’intéresse aussi car je trouve ça hyper thérapeutique.
Finalement, vous êtes une vraie épicurienne, vous profitez de tout ce que la vie offre de bon ?
Oui. J’étais une fumeuse sociale quand c’était agréable de fumer. À partir du moment où ça n’est plus drôle, qu’il n’y a plus de plaisir, je décroche.

La biographie de Josée Blanchette

Chroniqueuse au quotidien Le Devoir depuis 1984
Chroniqueuse au Magazine Châtelaine depuis 2002
Animatrice de «L’argent n’a pas de sexe» à Canal-Vie en 2001 et 2002
Animatrice d’ «Olives et Papayes» à Radio-Canada en 1995 et 1996
Chroniqueuse à l’émission «Consommaction» à Radio-Québec de 1990 à 1995
Chroniqueuse au «Montréal ce soir» à Radio-Canada de 1986 à 1989
Chroniqueuse à «C’est bien meilleur le matin» de la radio de Radio-Canada de 1996 à 2000
Chroniqueuse pour Elle Québec de 2001 à 2002
Publications
«101 restos», éd. Boréal (1997 – 1998)
«Plaisirs singuliers», éd. Boréal (1997)
Prix Jules Fournier – Conseil de la langue française (1999)

© Mieux-Être – Cécile Gladel tous droits réservés – septembre 2006
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Une Réponse

  1. J’adore lire Josée Blanchette.

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